Je vous ai traversées, Montagnes Pyrénées
Sur ma route d’Espagne…Je vous connais si peu ;
Certaines de vos vallées me furent refusées…
Elles s’achevaient en cirques. Est-ce par jeu
Que vos chaines sont si peu franchissables ?
Pour monter plus haut, il nous faudrait des mules,
De la patience et un temps qui soit stable,
Sinon cela devient quelque tâche d’Hercule.
Je suis monté tout en haut de l’Aubisque,
C’était en plein juillet, on était dans les nuages.
Les murs de neige rendaient la chose épique.
Cols qu’on nomme « ports », sont-ce lieux de naufrage?
Grace à ces étroitures, encadrées de ravins,
Défilés stratégiques, on comprend
Que Roland, seul et abandonné, retînt les Sarrazins.
Il en mourut ce brave, il y a beaucoup d’ans…
A Roncevaux, un cor et une épée,
Tinrent si longtemps une armée en respect,
Qu’on narre lors cette franque épopée
Telle celle des Thermopyles aux héros sacrifiés…
La chaîne une fois franchie, on tombe en Espagne
On se confronte enfin au soleil matador
Et cela nous fait comme une Cocagne,
Les lumières froides deviennent des reflets d’or.
La route poudroie, nuages d’ocre jaunie, mobiles falbalas…
La mer qu’on voit au loin est bleu ultra marine…
Les agaves poussent, sauvages, accrochés aux sierras…
Il y a dans le vent un air de flamenco, quand tintent les clarines.
On dinera tard ce soir dans l’ombre du patio.
Quelques uns alors gratteront la guitare,
La gitane dansera sur ses jambes nerveuses ;
Et l’on se complaira à se coucher bien tard.
H. ALLIOUX La Graverie 30 avril 2014